THE PEACE TURTLES
1,000 Turtles symbolizing the ever-repeated horrors of war.
The Turtles were made in the 90s from the helmets of soldiers from different armies (United States, Russia, Germany, England, etc.) and pay tribute to soldiers from all nations.
The turtle symbolizes wisdom and humanity, but returns every spring in a cycle that unfortunately finds a parallel with the recurrence of suffering linked to war.
After every episode of war, we hear "never again" but invariably other battlefields emerge all over the world.
Rachid Khimoune thus wants to highlight the resurgence of the suffering of peoples and the fact that no lived experience seems to prevent other barbarities. United States
Dreux 2018
A happening in front of the contemporary art center l'Ar[T]senal where the retrospective is being held with the help of students from the Lycée Branly in Dreux, in the "Sciences and Technologies of Design and Applied Arts" option.
02/18/2018
Paris City Hall 2015
For the installation of a thousand Peace Turtles in Paris, Macha Meril and Michel Legrand lovingly reprise the famous “Kiss at the Town Hall” by Robert Doisneau.
07/30/2011
Lyon – Place Louis Pradel
A happening took place on Wednesday, September 11 on Place Louis Pradel with the help of 60 children from the Brignais leisure center and two people from Lyon: Father Christian Delorme and Pièrre Souchaud.
11/09/2013
Fontainebleau Castle
Installation for a few hours of 1000 Turtles in the courtyard of the famous Château de Fontainebleau.
07/30/2011
Omaha Beach 2011
The prospect is striking. On the occasion of the 67th anniversary of the Normandy landings, Rachid Khimoune has installed a thousand of his Helmeted Turtles on the sand of Omaha Beach, in Colleville-sur-Mer.
06/06/2011
Paris – Trocadero
Rachid Khimoune's 1000 Helmeted Turtles, intended to symbolize "the endless horrors of war," invaded the Trocadéro in Paris on May 8, of course, the anniversary of the Allied victory over Nazi Germany in World War II.
08/05/2011
Technical part
White PVC Turtle
Height 20 cm – Length 50 cm – Width 30 cm
An interview with Rachid Khimoune by Pierre Souchaud
Pourquoi la tortue ?
La tortue en Asie porte le monde, en Afrique elle chasse les mauvais sorts et les mauvais génies et bien que symbolisant la sagesse, on la sacrifie dans des rituels pour les soi-disant vertus bénéfiques de ses organes.
Et c’est pour cela qu’un jour, alors que je me promenais au marché aux puces et que j’ai vu des casques militaires : allemand, français, américain, russe, ce fut tout de suite une révélation pour moi : je ferais de ces carapaces « mes horreurs de la guerre ». L‘idée du bien et du mal réunis comme la sculpture dans le moule en négatif et positif.
L’installation des milles Tortues, Place Louis Pradel à Lyon, aura donc valeur symbolique…
Oui, car aucune contrée sur terre n’a été épargnée par la guerre, aucune expérience n’en cautionne une autre, et on a beau dire « plus jamais cela », chaque époque apporte son lot de misère et de violence à l’image du reptile qui hiberne et resurgit au printemps.
Et puis l’installation éphémère sur la place des Terreaux s’inscrit aussi dans l’histoire de la ville. En 1945, on y a fêté la Libération. Je ne peux, en effet, m’empêcher de penser au film de Max Ophuls « Le chagrin et la pitié » qui traite de cette période de l’occupation : certains des témoignages sont bouleversants. L’Auvergne est la région concernée, mais je pense à Lyon ; Jean Moulin, Caluire, Klaus Barbie, la Gestapo, des noms à jamais gravés dans la mémoire collective…
Le mot tortue ne joue-t-il pas avec torture ?
Oui, quand je redessine le mot tortue, j’y vois « tort, tue, torture… » et j’imagine la brutalité qui pouvait régner en ces lieux à l’époque.
Et puis la tortue n’était-elle pas un animal familier de votre enfance ?
Oui. Je suis né de parents berbères dans l’Aveyron, j’y ai grandi en pensant être un enfant comme un autre, lorsque la guerre d’Algérie nous a transformés en « extra-terrestres » dans ce rapport que nous avions d’appartenance au sol natal ; le regard des autres avait creusé le fossé… En 1958, la fermeture de la mine de charbon a contraint toute la famille à quitter Decazeville pour la banlieue parisienne. Ce passage d’un monde rural à un univers urbain, dans une période mouvementée, m’a profondément marqué. Je pense que l’on n’échappe pas à son histoire. Les visions, les odeurs, les sensations de l’enfance sont déterminantes pour nourrir le vocabulaire artistique. Je peux dire que je dois beaucoup à mes parents analphabètes de m’avoir permis sans contrainte de dessiner, peindre et sculpter.
Mon père était mineur le jour, briquetier la nuit, il m’arrivait gamin de l’accompagner à l’usine. Je garde le souvenir de ces odeurs particulières que je retrouve dans les fonderies quand j’assiste à la naissance de mes pièces en bronze.
Ma mère était « marabout » guérisseuse et voyante, d’une manière singulière ; elle utilisait une technique dite « du plomb fondu ». Cela consistait à laisser fondre dans une louche, sur le feu, le métal. Quand le plomb arrivait à fusion, après quelques incantations, elle le plongeait dans une casserole d’eau froide, selon la forme de ses éclatements, elle faisait la lecture à son patient. Présent, j’observais les formes de l’objet que maman tournait dans tous les sens, elle décrivait des personnages, des paysages… Elle racontait… Moi, je ne voyais rien ! À l’époque !
J’aurai appris, à travers le dessin, la peinture, la sculpture : mon métier, disons, au sens artisanal du terme.
Puis il faut quitter les sentiers battus pour prendre cette voie que guide l’intuition. Si je ne savais pas ce que j’allais faire, je savais néanmoins ce qui devait ne pas être fait.
Il faut laisser au temps le soin d’affiner son langage.
Il y a un plaisir ludique à la création. Cette déconstruction du monde pour une reconstruction imaginaire avec les objets du quotidien, se nourrit d’histoires qui étaient enfouies dans la mémoire et qui resurgissent en télescopant la réalité.
Bien loin de l’orateur, du rhétoricien ou du docte théoricien, c’est à mon sens, la magie du conteur qui marque les esprits. Des gens intelligents et sensibles n’ont que faire d’un discours préalable, d’un laissez-passer ou d’une serrure à ouvrir.
Il faut entrer librement dans une œuvre, être comme un petit enfant qui s’émerveille.